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Papillons : 4 façons de reprendre leur envol après l’hiver

Sciences participatives

 

Ça y est ! Nos jardins commencent à se parsemer de petites ailes colorées. Si le début du printemps signe l’arrivée des premiers papillons, tous ne se jettent pas dans les airs en même temps. Certains montrent le bout de leurs antennes dès la fin février, d’autres attendent le mois de mai. Car les premières générations de l’année n’apparaissent pas ex-nihilo au sortir de l’hiver : selon les espèces, mais aussi les régions et les tendances climatiques, les papillons se réveillent après avoir repris leur métamorphose au stade œuf, chenille, ou chrysalide. Ou alors se remettent à voler après avoir patienté des mois en dormant à l’état adulte. D’autres encore reviennent de voyage… Bref, les procédés sont multiples. Voici 4 façons pour un papillon de (re)prendre son envol après l’hiver.

 

1- Ceux qui sortent directement de la cave ou du grenier

 

vulcain (c) CC-BY Missbutterfly

Vulcain

 

D'une manière générale peu d’insectes passent l’hiver à l’état adulte. Peu, mais pas tous. Quelques papillons, les plus costauds, sont capables d’hiverner et donc de vivre à cheval sur deux années calendaires. Le Paon du jour, comme les autres vanesses (Petite Tortue, Vulcain…) ou le Citron en font partie. A la fin de l’automne, ils rentrent en diapause, un état de léthargie où le métabolisme ralentit pour ne pas dépenser d’énergie. Pendant plusieurs mois, ces papillons vont patienter dans les cavités des caves ou des greniers. Parfois dans la végétation, ou même pour certains papillons nocturnes, dans le sol. Ils restent ainsi sans bouger, bravant des températures très froides, voir extrêmes - la petite tortue survivrait à -24 degrés ! Il arrive que lors des belles journées ensoleillées du mois de février, ces espèces sortent précocement pour aller butiner les premières fleurs. Surtout lors des hivers doux. Mais durant la diapause, les organismes restent extrêmement fragiles, la moindre augmentation de température, le moindre dérangement peut réveiller l’animal. Et lui être fatal. Pour ceux qui tiennent jusqu’au bout, les premiers battements d’ailes s’effectuent généralement courant mars. Avant de s’accoupler et de laisser vite place à la prochaine génération.

Quelques papillons qui sortent de l’hiver à l’état adulte :

  • Vulcain
  • Grande Tortue
  • Paon du jour
  • Robert le diable
  • Petite Tortue
  • Citron

 

 

2- Ceux qui sortent de leur chrysalide

 

chrysalide (c) Entomolo

Chysalide d'Aurore (Entomolo)

Certains papillons ne peuvent pas résister aux températures hivernales à l’état adulte. Ceux-là vont se reproduire à la fin de l’automne pour perpétuer la lignée. Ce n’est donc pas l’adulte qui hivernera mais l’œuf, la chenille ou la chrysalide, qui interrompront leur développement avant de le reprendre au printemps. Beaucoup de papillons hivernent à l’état de chrysalide, comme le Machaon. L’œuf puis la nymphe se trouvent généralement dans des lieux protégés, à l’abri des prédateurs et des intempéries, que ce soit dans les arbustes, sous des écorces ou des pierres. La chrysalide, fondue dans son environnement, patientera ainsi sans bouger plusieurs mois durant…

Comment, me direz-vous, ce proto-papillon sait-il à quel moment reprendre sa croissance au printemps ? A la différence des animaux qui hibernent comme la marmotte, les insectes ne mettent pas un terme à leur diapause avec le seul réchauffement des températures. Si vous récoltez en hiver une chrysalide de piéride et que vous la déposez dans votre maison chauffée, elle ne se développera pas... En réalité, les insectes se fient surtout à la durée des journées. Lorsque la luminosité s’étend, s’intensifie, le signal est donné. Au mois de mars ou avril, les premières chrysalides achèvent ainsi leur développement jusqu’à faire sortir l’imago.

Quelques papillons qui sortent de leur chrysalide :

  • Machaon
  • Flambé
  • Aurore
  • Piérides
  • Argus vert

 

3- Ceux qui proviennent de l’œuf ou de la chenille

 

Chenille gazé (c) Aporia crataegi

Chenille de Gazé (Aporia)

 

Parfois, ce sont les œufs ou les chenilles qui doivent traverser l’hiver dans toutes sortes de petites cachettes. Pour se protéger à chacun des stades de développement, l’organisme sécrète dès l’automne des substances antigels comme le glycérol qui permet de survivre à des températures très inférieures à 0°C. Certaines chenilles peuvent résister jusqu'à -30°C grâce à cet antigel. Une espèce de grosse couverture, qui sera retirée aux beaux jours.

Alors bien-sûr, ces œufs à l’air libre durant plusieurs mois n’en sortent pas tous indemnes. Les pertes sont inévitables, celles-ci étant compensées par la quantité d’œuf pondus : une femelle d’Apollon peut pondre jusqu’à 300 œufs avant l’hiver !

Pour la chenille, cette période est également redoutable. Pour se protéger elles se blottissent seules ou en groupe dans des endroits abrités. Certaines s’y rendent d’elles-mêmes (Demi-Deuil) ou se contentent de rester sur le lieu de ponte (Tabac d’Espagne). Les chenilles de Gazés construisent un nid soyeux, celles du Tabac d’Espagne se glissent dans l’écorce des arbres. Chez l’Argus bleu, la chenille hivernante s’entoure carrément de fourmis pour se protéger des prédateurs.

Quelques papillons qui proviennent d’un œuf ou d’une chenille au printemps :

  • Apollon
  • Argus bleu
  • Silène
  • Silvain
  • Gazé
  • Amarylis
  • Myrtil
  • Procris
  • Tircis (Il hiverne au stade chenille ou chrysalide)
  • Demi-Deuil
  • Tabac d’Espagne

 

 

4- Ceux qui reviennent de voyage

 

Belle dame (c) Pierre Lardinois

Belle-Dame (Pierre Lardinois)

 

Parmi les rares espèces d'insectes migrateurs, il y a les Belle-Dames. En plusieurs générations, elles sont capables de se déplacer du Maghreb au nord de l'Europe, en franchissant les mers et les cols ! Leurs descendants nés en été sous nos latitudes repartent vers le sud dès le mois de juillet. Comme pour les oiseaux, la migration est observée par les amateurs tout au long de leur voyage. Ces papillons - parfois des nuées de plusieurs milliers d’individus suivant les années, comme l'ont témoigné les observateurs de l’Opération papillons en 2009 - peuvent parcourir jusqu’à 150 km par jour, avec des pointes à 40 km/h !

Les papillons qui reviennent de voyage :

  • Vulcain
  • Belle-Dame

 

 

Alors certes dans la nature, une même espèce peut adopter plusieurs mode d’hivernation. Certains comme le Vulcain migrent, mais passent aussi l’hiver à l’état adulte ou de chrysalide. Le Flambé est migrateur dans le Nord de l’Europe et hiverne à l’état de chrysalide dans le Sud. La réalité est donc moins figée, et les stratégies seront amenées à évoluer dans certaines régions en raison de l’évolution du climat. En attendant, lorsque vous verrez les premiers papillons tournoyer au-dessus de votre pelouse, vous aurez une idée de ce qu'ils ont pu vivre ces derniers mois.

 

 

 

 

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